Le sommeil

Le jour doucement part vers d’autres contrées. Sans aucun remords de nous abandonner.
Le moment de se coucher devrait être comme une récompense après une journée de labeur… où beaucoup doivent faire face à des tas de soucis de toutes sortes.
Les uns se battent pour maintenir un minimum de confort pour leur famille. Le chômage faisant rage.
D’autres se démènent comme de beaux diables avec des maladies venant les faire souffrir. Souvent à la limite du possible.
Sans oublier les guerres qui font rages. Faisant du commun des mortels un pion sur l’échiquier des "grands" de ce monde.
Des jours qui même par grand soleil deviennent noirs au goût de souffre.
Aussi, nous serions à même d’avoir un moment de répit. Pour pouvoir affronter un lendemain qui se lèvera pour certains.
Vivre n’est pas toujours une partie de plaisir.
Aussi, il a été donné à l’être vivant ce que l’on nomme la nuit. Elle est l’opposée du jour. Faite pour reposer les corps et, les âmes.
Hélas, bien souvent il n’en est rien.
Car depuis des siècles, elle vit avec un amant des plus exigeants. Un jaloux, un envieux, un filou, un coquin, un vrai diablotin… Et, j’en passe.
Certains arrivent à le dompter et, beaucoup d’autres pas.
Il peut apaiser, combler, mais aussi rendre dépendant. Quelques fois il est si puissant que d’aucuns s’y plongent avec volupté se croyant maître du jeu. Il n’en est rien, c’est lui qui décide.
Sa puissance est que par son manque l’être vivant peut en mourir.
Le fait d’entrer dans son univers peut être une chance mais quelque fois c’est la source de souffrances de l’âme.
La nuit ne gère pas cet amoureux passionné. Les rênes sont en sa possession.
Tel un cavalier de l’apocalypse il vous mène où il désire.
Seule la mort peut le vaincre. Qui plus maline que lui le dépasse par le coma. Mais, là c’est une autre histoire.

Il me demande de lui laisser la parole. Ecoutez-le mais surtout n’oubliez pas que c’est un filou…
Bonne chance à vous.
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" Brave gens, n’écoutez pas ces balivernes… je suis votre ami.
Venez dans mon antre, il est fait pour vous. Les heures que nous passerons ensemble seront bénéfiques pour le chemin à parcourir. Vos lendemains n’en seront que plus beaux… grâce à moi…"
- " Suffit, cesse de te faire passer pour le sauveur de l’humanité. "
- " Je savais que tu viendrais, tu ne peux pas te passer de moi… ma Nuit… ma belle… ma mie…"
- " Pas besoin de tes mièvreries avec moi, je sais qui tu es…"
- " Je suis le maître du noir, de la peur, de l’inconnu, du côté obscur de l’âme…"
- " Tu n’es que le sommeil… une simple fonction organique ! "
- " Comment oses-tu ? Sans moi ils ne sont rien… beaucoup en manque de moi, préfèrent mourir ! "
- " Tu en es fier ? Mais, c’est lâche…"
- " Le pouvoir est à ce prix. Et, puis je suis plutôt gentil…"
- " Gentil ? Tu ne crois pas que tu pousses un peu… ! "
- " Du tout, ma belle… ne suis-je pas le faiseur de rêves ? "
- " Et, de cauchemars… tu l’oublies ? "
- " Là, je ne suis pas le seul responsable… leur subconscient joue un rôle dans ces ratés… crois-tu qu’ils soient tous des anges… loin s’en faut ! "
- " Tu sais qu’ils ont besoin d’une pause pour se ressourcer. "
- " Je sais cela… avoue que si toutes les nuits, ils faisaient de doux rêves… leurs jours leur paraîtraient fades… un peu de frissons les secouent de haut en bas… et, ils se remettent en question… je suis un cadeau pour eux, je te dis… ! "
- " Alors pourquoi empêches-tu certains de pouvoir te trouver ? "
- " Il faut savoir se faire désirer ! "
- " En les forçant à prendre des remèdes de toutes sortes… et, de plus en plus forts…"
- " Que veux-tu certains me craignent tant qu’ils préfèrent essayer de me mettre en scène. En s’abrutissant avec multiples substances. Je n’y suis pour rien ! "
- " Je te parle de ceux qui après maintes tisanes de grand-mères entrent dans la spirale de la chimie… d’un cachet ou gélule… ils doivent accélérer le dosage car tu te rends absent. Comme si tu les punissais de je ne sais quelle faute. Qui es-tu pour ne pas les aimer ? "
- " Boite après boite, je les vois devenir des loques… crois-tu que cela m’amuse ? Non, car je ne peux ni les faire rêver ou cauchemarder… Si je les châtie, c’est justement que je les aime. Ils peuvent me trouver…"
- " Et, comment… j’en vois qui tournent, qui virent pendant des heures… avec à l’âme tant de noirceur… qu’ils me font peur ! "
- " Ils ont des aides pour trouver mon chemin… au lieu de rester des heures devant leurs fichues télévisions, leurs écrans d’ordinateur, leurs jeux plus ou moins violents, l’alcool, les repas sans fin… qu’ils apprennent donc à savoir me flatter… et, je viendrai les cueillir dans une douceur dont tu sais, je suis doté ! "
- " Alors, qu’elles sont les clés pour te laisser entrer en eux…"
- " En premier que leurs jours soient moins sombres… qu’ils apprennent à respirer Mère Nature… qu’ils sachent faire le vide en eux avant de se coucher… qu’ils arrêtent de vouloir le pouvoir… qu’ils sachent libérer l’enfant qui est en eux… et, puis mince pas la peine de me mettre tout sur le dos… qu’ils fassent l’effort aussi de s’ouvrir à la quiétude. "
- " Beaucoup ne peuvent pas, as-tu vu ce que certains vivent… il te faut devenir leur complice, leur ami… celui qui sait apaiser leurs maux… Fais les rêver…"
- " Rêver sans cauchemarder cela n’est pas possible…"
- " Je suis certaine que si tu veux, tu peux en atténuer quelques-uns. Tu en es capable. Je crois en toi ! "
- " Tu crois en moi… et, eux ? "
- " A toi de leur apprendre à croire en toi… laisse-les trouver ton chemin plus facilement sans toutes ces médecines et, ouvre leur ton univers. Le monde tournera mieux si tu y mets du tien. "
- " M’aimeront-ils ? "
- " Bien sûr, même que leurs nuits seront plus belles que leurs jours… ils seront plus forts pour affronter la vie. "
- " Et, toi m’en aimeras-tu plus ? "
- " Montre-moi que j’ai raison d’avoir foi en toi… et, tu sauras…"
- " Chantage, ma belle… que ne ferais-tu pas pour eux…"
- " L’Amour est une pluie de preuves… ! "
- " En parlant d’amour qu’ils n’oublient pas de s’aimer entre eux et, un truc… mais juste entre nous… la plus facile des clés pour me trouver… est, qu’ils fassent l’amour… leur jouissance est la plus magique d’entre elles ! "
- " Hi, hi… il est vrai…"
- " Chut, ma mie… ne rien leur dire… à eux de s’en apercevoir. "
- " Oups… je te laisse… tu entends… ce bruit ? "
- " Oui, ma belle amie… leur foutu réveil… disparaissons pour que le jour puisse paraître… et, espérons qu’ils sachent me trouver dès ce soir. Avec ferveur, je les guiderai… promis ma mie… ma bonne nuit ! "

Fin...
C.DdeB
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Catherine Deschamps de boishebert