Seulement, la fin…

…. …. …. ….
Plus rien n’a d’importance.
J’ai compris.
Comprendre ne veut pas dire accepter.
Après plus de six heures de délibération, le jugement est tombé.
Pourtant, ils se sont trompés, mais n’ai pas su les convaincre.
Ils resteront ancrés dans le fait que c’est eux qui ont tout décidé.

Quoiqu’il en soit, je me sens mieux d’avoir pu dire tout.
Dire la vérité, ma vérité.
Je voulais les remercier d’avoir eu la bonté ou bien la curiosité de m’écouter dans cette salle, cette si grande salle.
Mais surtout les autres , ceux qui ont eu le courage de me lire jusque-là.
Pas facile de se livrer devant tant d’étrangers. Bien sûr, certains seront persuadés d’avoir agi selon leur conscience quand ils y repenseront. D’autres n’y repenseront jamais. Ayant vécu, ces moments comme une banalité sans borne.
Il s’agit pourtant de la vie, d’une vie, ma vie.
Mais, qu’est-ce une vie… Une goutte dans un océan…

Matin ou soir… soir ou matin… ne sais plus…
Le temps n’a déjà plus de valeur à mes yeux.
N’aurai plus à courir dès le réveil pour faire ce que chacun se doit d’accomplir pour vivre au sein de cette société.
Plus de jour, plus de nuit… rien que le néant.
Plus de futur, plus de souvenir à construire, plus de ride naissante sur un visage sans plus jamais de larmes pour tenter de l’aider à surmonter les affres de la vie. Où celles qui naissaient dans de délicieux fous rires…

J’ai froid…
Sensation qui demeure malgré tout.
La peur, elle n’est plus… déjà, depuis longtemps.
Rien que ce froid qui s’impose de plus en plus.
Seule dans cette pièce sombre sans aucune ouverture… ont-ils peur que le soleil s’il y a, puisse réchauffer mon âme ?
Âme, est-elle ou pas ?

Allongée et, attachée des fois que je voudrai fuir. Les sangles sont si serrées qu’ils auront un mal fou à les ôter… après…
Quelle idée stupide de penser à cet après où je ne serai pas.

Au moment du verdict…
J’ai vu l’un d’eux pleurer… je crois bien que c’était sur lui qu’il versait des larmes pour demander pardon à son âme de sa décision.
Je voulais parler, lui dire qu’il n’avait aucun pardon à demander. Hélas, ils m’avaient interdit de ne serait-ce ouvrir la bouche pour émettre le moindre son.
Mes yeux cherchaient les siens, je voulais qu’il comprenne d’âme à âme.
Tant et, si peu de temps pour prendre cette décision. C’est un rien comique tout de même.
Laisser tout, même si ce n’est qu’un peu… qu’un tout petit peu sur cette terre. N’être plus qu’un corps inutile qui doit disparaître.
Pourquoi m’ont-ils mise nue… par souci d’économie ou pour que je me présente devant le créateur comme je suis venue… sur cette terre.
Un léger sourire naît sur mon visage de plus en plus figé par le froid… le « créateur »… voilà bien la plus grande énigme qu’il fût donné à l’humain…
Ou bien, il n’y a rien et, je n’en saurai rien… ou bien, il y a et, là après être bluffée peut-être aurai-je enfin le comment du pourquoi de la vie ici-bas.
Si, si jamais il y a… aurai tant de choses à lui dire… à lui demander.
Paradis enfer, enfer paradis… utopie, les ai déjà vécus sur cette terre.

J’ai si froid.
Aucune main ne sera là pour me tenir la mienne… c’est le seul manque qui s’installe. Sentir la chaleur de la vie jusqu’au dernier instant même si c’est celle de l’autre…
J’ai si froid.
Même leur produit ne réchauffe pas… à croire qu’il agit comme un glaçon pour geler à jamais ce sang qui ne doit plus circuler pour faire battre ce cœur.
Mes paupières sont de plus en plus lourdes… mon souffle est toujours, là… aucune peine ne m’étreint, aucune gêne… étrange sensation…
M’étais fait tout un film sur ces instants, croyant voir défiler ma vie dans des sentiments de regrets, de remords… alors, qu’il n’en est rien.
Peut-être l’effet de leur drogue ou juste l’ultime instant où arrive la fin balayant tout sur son passage faisant place nette.
Mes yeux se troublent… ne sens plus mes membres… les battements de mon cœur ralentissent… lourdeur et, légèreté se font Reine !
Mon esprit demeure… pourquoi… devrai s’éteindre aussi… alors, que je le sens fort plus fort qu’avant… oui, bien plus fort.
Qu’est-ce…
Mes yeux se ferment.
Mon cœur ne bat presque plus…
Il ne bat plus !
Mais…
Mais, mon esprit… lui, est toujours là… pourquoi ?
Je meurs… suis morte… mais, alors qu’est-ce ?

Une sensation… un souvenir… un sentiment… Liberté !

FIN
C.DdeB
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Catherine Deschamps de Boishébert